Une République laïque?

Publié le 8 Septembre 2015

La laïcité, qui se voudrait si spécifiquement française, est un exercice délicat tant il est souvent entaché d'ignorance ou de méconnaissance.

Le Ministère de l'Education Nationale a fort justement pris le parti d'en rappeler quelques grands principes en faisant afficher dans toutes les écoles de la République et signer à tous les parents d'élèves une charte de la laïcité.

http://cache.media.education.gouv.fr/file/Horaires-reglement/43/5/charte_de_la_laicite_393435.pdf

Fort bien et je m'en réjouis.

Il est utile à cette occasion de faire quelques rappels sur cette notion de laïcité qui semblent perturber encore beaucoup de personnes en France et donner lieu à débat permament.

Le mot laïcité vient du grec laikos,qui signifie "du peuple"opposé à klérikos(clerc)

Inscrite dans la constitution de 1958,la laïcité instaure le principe de séparation de l'Eglise et de l'Etat,garantit la neutralité de l'Etat et la liberté de conscience et de religion pour tous les citoyens.

La loi du 9 décembre 1905 assure :

Art 1: La République assure la liberté de conscience...avec quelques restrictions prévues dans l'intérêt de l'ordre public.

Art 2: La République ne reconnait,ne salarie ni ne subventionne aucun culte...

La constitution française nous dit par ailleurs que"La République est une et indivisible"

Fort bien. Mais il se trouve que par une bizarrerie de l'Histoire,l'Alsace-Moselle conserve une particularité à laquelle nombre de ses habitants semblent attachée et qui s'appelle le Concordat.

Sous ce régime particulier hérité d'un passé germanique,les représentants de certains cultes officiellement reconnus sont payés par le contribuable et l'enseignement religieux est prévu dans le fonctionnement de l'école publique.Ce régime prévoit aussi des avantages particuliers en matière de sécurité sociale...,ce qui en l'occurence pourrait être étendu à tous les Français sans que personne ne s'en plaigne.

Mais passons sur ce petit écart de cette " République une et indivisible" puisque d'autres départements d'outre-mer ainsi que la Corse bénéficent aussi de particularités ou de petits avantages fiscaux qui permettent de les maintenir gentiment dans le giron protecteur de la République.

Jusque là tout va bien...

Mais la loi prévoit aussi de petits arrangements entre amis et permet à certaines associations religieuses(en particulier catholiques) de bénéficier de statuts fiscaux fort avantageux et accorde des déductions fiscales aux donateurs,ce qui est un moyen tout à fait hypocrite en même temps que tout à fait légal de détourner une partie de l'impôt public...En Allemagne,il semble que l'Hypocrisie soit moins évidente,puisque si l'Etat subventionne officiellement la religion ,il permet au citoyen athée ou non pratiquant de refuser de payer la part d'imposition redevable à l'exercice du culte.

Ce qui continue de poser véritablement problème en France,c'est que tout en assurant la liberté de conscience et de croyance,la République a publié par le biais d' un très ancien rapport parlementaire une liste de près de 200 sectes,sous la base d'informations souvent très contestables et en reniant par là-même les principes qu'elle a énoncés.

Car qu'est-ce qu'une secte sinon une religion qui a réussi selon une formulation bien connue et fort juste!

N'oublions pas que l'Eglise catholique fut appelée à l'origine la secte du nazzaréen et que son prophète fut crucifié par la secte dominante de la région et de l'époque...

Et que cette même Eglise à prétention universelle après avoir été persécutée, a pendant des siècles usé et abusé de l'Inquisition et de ses méthodes traditionnelles pour convaincre le peuple de sa puissance théologique!

Les sectes qui ont réussi, tout comme les individus ,ne deviennent malheureusement pas toujours très sympathiques avec l'âge!

Quant aux articles 18 et 19 de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme,ratifiée par la France,inscrite dans la Constitutrion européenne,la République française comme tant d'autres pays ,semble s'asseoir dessus quand cela l'arrange.

Si les Nations-Unies recommandent d'utiliser le terme "nouvelles minorités religieuses"en place de l'appellation "secte"qui a pris une coloration particulièrement négative et discriminante en France,ce n'est pas par hasard ,mais pour répondre à des politiques de discrimination un peu trop évidentes.

Si les juristes arrivent à s'y retrouver dans les petits arrangements et accomodements avec la loi et les traditions,le citoyen et républicain attend avant tout d'un Etat de droit qu'il remette les pendules à l'heure,qu'il applique la loi avec équité,qu'il traite les citoyens sur un pied d'égalité sans préjugés ni discriminations,qu'il protège ses minorités,et qu'il ne subventionne pas avec de l'argent public des officines comme la MIVILUDES qui ,sous couvert de lutte contre les "dérives sectaires" colporte de fausses informations,pratique l'exagération,entretient une peur complètement irrationnelle d'une menace sectaire tout en préservant soigneusement les intérêts des religions reconnues.

Rédigé par Rachid le Timide

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