L'humain demain.

Il y a de et de l'humain et de l'humanité dans les pages des journaux.Un des journaux qui me semble le plus mettre en France l'humain au coeur de ses préoccupations,c'est le journal La Croix.Je sais ,certains vont s'étonner si je me lance ici dans l'éloge d'un journal chrétien, alors même que je suis un athée militant et plus proche à-priori du journal L'Humanité!

Mais j'aime la diversité, et puisque j'ai reçu gratuitement cinq numéro du journal en question en guise d'offre promotionnelle,que j'ai du temps pour les feuilleter ,que je n'ai pas l'esprit sectaire,je dirai ici sincèrement que j'y ai trouvé des débats d'idée d'une grande qualité et d'une grande diversité.J'aime la presse écrite qui permet de débattre bien plus sereinement que la télévision,mais qui devrait renoncer totalement au format papier à l'heure du numérique.

Dans une série d'entretien intitulée "les démocraties en crise" des personnalités diverses s'expriment et permettent de constater dans les propos les convergences d'analyse  et des convergences de valeurs quant à cette crise que je préfère entrevoir comme salutaire.Celles et ceux qui ont accepté de partager leurs réflexions et propositions dans La Croix nous changent un peu de tous ceux qui réussissent tellement bien à occuper le devant de la scène ou les plateaux de télévision.

Quand Christine Lagarde,Directrice générale du Fonds Monétaire International,propose de "remettre l'homme au coeur du système économique",on ne peut qu'approuver...Quand elle perçoit que" l'accroissement des inégalités est un facteur d'instabilité de la croissance",elle reste pourtant dans la logique de la théorie néo-libérale selon laquelle les inégalités sont source de compétition et de croissance ,et que la richesse ruissellerait en conséquence vers les plus pauvres...Mais quand elle doit répondre à la question du populisme qui prospère sur la colère des pauvres dans les pays développés,elle ne s'engage pas:"Il n'existe pas de recette miracle valable pour tous les pays.Dans les pays en voie de développement ,investir dans les infrastructures, les systèmes de santé et d'éducation permettra de réduire les inégalités.Si l'on élimine les discriminations qui touchent les femmes,on peut également remédier à des inégalités présentes dans la quasi totalité des pays du monde." On peut mais le veut-on?

Elle continue:"Il faut enfin mettre en oeuvre des politiques de redistribution plus efficaces et des mécanismes de formation professionnelle et de reclassement individuel qui ont été développés de manière trop timide...Chiche.Alors pourquoi ne pas proposer une monnaie mondiale et un revenu d'existence universel mettant fin à la compétition sauvage et inégalitaire entre les pays et les individus?

A la question du journaliste lui demandant ce que lui inspirait la formule choc utilisée par la pape François qualifiant le capitalisme de "fumier du diable",elle évoque" la nécessité d'encadrer la finance pour qu'elle soit au service de l'économie".D'accord,mais la question que les citoyens se posent,c'est:"Est-ce que ça va prendre encore longtemps?parce que ça fait longtemps qu'on entend la rengaine...

Le lendemain,Pierre Moscovici,Commissaire européen aux affaires économiques et financières,à la fiscalité et à l'union douanière(ça fait du boulot tout ça!) se veut optimiste en nous déclarant que "le populisme n'est pas une fatalité" , que "nous sommes en train d'infléchir fortement le cours de nos politiques économiques" et que la Commission mène une "lutte acharnée contre la fraude et l'évasion fiscale" .On ne demande qu'à y croire...Il ajoute qu "il n'y a pas de contradiction entre le développement des échanges mondiaux et la lutte contre les inégalités." Ah bon,le dollar et l'euro ne sont pas des outils de domination économique?

Le jour suivant,c'est Nicolas Hulot,Président de la Fondation pour la Nature et l'Homme,qui sait trouver les mots face à "la volonté de repli,d'une tentation isolationniste,alors même que la crise de civilisation que nous traversons ne peut trouver d'issue que dans l'ouverture ,l'intelligence collective,la mutualisation de nos compétences.Il faut construire des passerelles, pas des murs!"Il déplore la manque de courage et de lucidité des élites politiques et intellectuelles, et le réalisme politique lui fait sans doute renoncer à une candidature à la présidence de la République.

J'ai aussi beaucoup aimé la clairvoyance du Dr. Justin Welby,Archevêque de Cantorbéry et Primat de la communion anglicane interrogé sur l'accumulation des dettes par les pays riches: "Si nous voulons affronter les problèmes de la mondialisation,il faut prendre en compte l'emprisonnement que représente cette dette?C'est une prison pour un pays ,des individus,et surtout pour l'imagination.Elle nous oblige à regarder derrière et non pas vers l'avenir. Aujourd'hui,nous devons affronter la banqueroute morale de notre économie,dire qu'on ne peut pas continuer à aller de l'avant avec un système fondé sur une dette qui nous fait travailler pour les riches au lieu de construire pour les pauvres.."Il a tout compris de cette colère qui gronde...

Daniel Cohn-Bendit,journaliste et homme politique achevait cette semaine de débats en rappelant que "l'Europe permet de défendre une certaine idée de la civilisation."et propose de faire évoluer la démocratie européenne,en faisant appel par exemple aux municipalités,aux départements et en imaginant des candidats aux élections tirés au sort..C'est affectivement un peu d'imagination au pouvoir!.Il constate: "Aujourdhui,après les dérives des socialismes réels,il est peu aisé d'imaginer un modèle économico-social crédible.Le capitalisme tel qu'il existe est insupportable mais son absence le serait aussi,et nous devons faire évoluer le monde à l'intérieur de cette contradiction.Dans ce contexte,l'écologie politique peut permettre de réformer en profondeur un capitalisme débridé,dénué de toute réflexion sur l'avenir."

Personnellement,je ne crois pas du tout en une réforme possible du capitalisme mais à un modèle d'humanitarisme fondé sur la disparition du travail et de l'argent grâce à la science.

http://paradism.org/

Et si je remercie aujourd'hui le journal La Croix d'avoir alimenté mes réflexions,j'en profite pour renouveler aussi malicieusement mon soutien à la campagne médiatique lancée il y a longtemps déjà par le Mouvement raëlien québecois sous le slogan "Jésus déteste la croix"  Il s'agissait alors de dénoncer non pas le journal du même nom, mais l'instrument de torture dont les chrétiens ont fait depuis des siècles leur symbole et signe de reconnaissance...

Car demain ,l'humain ne portera plus sa croix.Demain,l'humain sera libre et responsable. Demain,l'humain aura l'esprit ouvert sur l'infini...C'est mon espérance!